29/02/2012

Foire aux prénoms

Aujourd’hui, je vous propose un changement rafraîchissant avec nos habitudes en nous gaussant grassement et librement d’un truc tellement bête que toute mauvaise foi s’avérerait pour une fois parfaitement surfaite.

Faisons un petit crochet en France, où Dominique et Isabelle viennent de vivre une cruelle désillusion : après plus de deux ans de lutte acharnée, le tribunal leur a finalement interdit d’appeler leur enfant « Titeuf ». Un souhait pourtant naturel et passionné de rendre hommage à un auteur illustre et d’affirmer tout leur amour de leur rejeton (du verbe « rejeter »).

Après, on est en droit de se demander si Dominique et Isabelle ne seraient pas un peu neuneus, et si leur souhait eût été le même s’ils s’étaient appelés, par exemple, Tintin et Bécassine, Achille et Virgule ou encore Bob et Bobette (encore que, dans ce dernier cas, le surnom pourrait désormais s’imposer de lui-même).

Il y a des gens comme ça, c’est vrai. Des gens pour qui leur bébé est un petit être qui leur appartient corps et âme, krô meugnon et totalement acquis à leurs idées. Surtout, ils semblent ne pas se rendre compte qu’il aura une vie hors du cercle familial, ni même qu’il grandira un jour.

Personnellement, j’ai vécu une enfance au cours de laquelle les autres mômes, jaloux de ma petite taille, n’ont pas manqué de me faire part de leurs pensées à ce sujet. Et bien fort de cette expérience, je peux affirmer qu'entre eux, les enfants ne sont pas toujours aussi adorables et innocents qu’on veut le croire ; certaines dissensions peuvent les amener à faire montre d’une certaine hostilité les uns envers les autres, hostilité qui n’est pas toujours dénuée d’une pointe d’insolence.

J’ai cherché sur internet une déclaration des parents exposant leurs arguments (« c’est pô juste, le juge c’est qu’un gros plein de sida du zizi ! »), mais j’ai fait chou blanc. Je suppose qu’ils boudent. Du coup, à la place, j’ai creusé pour trouver les noms bizarres sortis ces derniers temps. Pour spoiler directement, ma palme personnelle du prénom le plus moche revient à « Pippa », parce que, d'une part, c'est vraiment laid et que, d'autre part, niveau référence ça craint.

Aussi, tirée de quelques forums et autres sites de prénoms, voici une petite sélection qui ravira les futurs parents qui savent déjà qu’ils n‘aimeront pas leur progéniture :

Perle et Beauté, prénoms sobres et doux attribués à des jumelles (et non des juments). Pour ceux qui ont des jumeaux garçons et qui souhaitent surfer sur la vague, je propose « Zircon et Esthétique ».

Doucée-Sucrée, également donné à une fille. En Inde ou en Chine, où l’on a conservé une once d’humanité et de miséricorde, on préfère les balancer directement au fleuve à la naissance.

Laurent-Lorenzo. Il paraît que la môman hésitait entre les deux. Surnom probable : Laulo. Une claque ou deux claques ? Allez, trois !

Pepito. J’en connais un qui va vite se lasser des blagues sur son « biscuit ».

Robinson-Pacifique et Fleur-de-Sel. Mes préférés. Tellement absurdes que j'en viens à douter de mes sources. Mais qu'y a-t-il de plus fiable que les articles Yahoo ?

Merlin et Aladin, attribués à des jumeaux. Je me demande si Merlin passe plus facilement la douane qu'Aladin...

Bamboo (Dubois ?). L'avantage, s'il est en classe avec Pepito, c'est que l'un des deux ôtera un peu de pression à l'autre au niveau des blagues graveleuses.

Maximus, à qui je souhaite de devenir brasseur et de faire appeler sa bière Maxi-Mousse. Et surtout, je lui conseille de devenir grand et fort. Vite.

Marcienne. Qui a dit que les femmes venaient toutes de Venus ?

Pierre-Hulque : Pierre en hommage au papa, Hulque en hommage au célèbre bourrin vert. La leçon à retenir est que la bande dessinée ne devrait pas inspirer les parents.

Jean-Gilles : Mais oui, pourquoi pas ?

Sédrik : celui-là va vite en avoir marre de corriger son prénom.

Masturbin : si ! Il paraît que c'est vrai !

Nazarius : dès la naissance, il est à un pas de devenir un Prince des Ténèbres.

Fantin. Sérieusement ? Fantin ???

Zoé-Babou : ça devient n'importe-quoi là !

Juniper : STOP !

J’arrête là sinon j’en ai pour la nuit : à force de chercher sur le web je suis tombé sur le site des zimparfaites, qui propose des palmarès annuels des noms bizarres octroyés à des nouveaux nés et c’est une mine de rires gratuits, si comme moi vous aimez vous gausser des malheurs à venir d’enfants innocents, je vous invite à y faire un crochet.

Alors Oncle Labo, qu’avons-nous appris aujourd’hui ?

- Que d’une manière générale, les références culturelles – au sens large du terme – sont retorses quant au choix d’un prénom. Parce que si vous êtes un fan de Vincent Cassel ou de Monica Bellucci ça passe, mais il est bien de garder en tête que certains artistes ont volontairement donné des noms impossibles à leurs créations et que le refiler à un bébé qui n’a rien demandé est beaucoup moins un hommage à l’auteur ou un cadeau à l’enfant qu’une idée à la con.

- Que de toute façon, les références culturelles ne sont plus ce qu’elles étaient, c’est une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent enterrer les prénoms ronflants et obsolètes des auteurs classiques – qui voudrait s’appeler Blaise, Louis-Ferdinand ou Honoré de toutes façons ? – mais les voir remplacés par Pippa, Jean-Edouard ou Jo-Wilfrid n’est pas forcément un pas en avant.

- Que j’ai beau avoir une foi insondable en la bêtise humaine, je continue à douter qu’un couple francophone ait pu appeler son enfant « Masturbin ».

- Que les nouveaux prénoms composés arrivent, et ils vont faire mal. Les Jean-Gilles, Laurent-Lorenzo, Jean-Edouard et Doucée-Sucrée vont s’appliquer à nous faire relativiser les Marc-André et Jean-François.

- Qu’une autre tendance intéressante est à la ré-orthographisation – si si, ça se dit ! – de prénoms existants. Sédryk, Phabryce ou Juliettte sont des personnes condamnées à épeler leur nom toute leur vie.

- Que certains parents placent de grands espoirs sur leurs enfants. Ce ne sont pas Phénoménal et O'Mega qui diront le contraire.

3 commentaires:

Loggy a dit…

La ré-orthographisation doit plus souvent être le fait de l'excuse d'ignorants, lorsque à seize ans leur marmot "Djonny" vient taper du poing sur la table. (pour autant qu'il eu conscience de l'aberration vivante qu'il constitue, je vous l'accorde)

Pis c'est tellement nul l'orthographe...

Ronce de Camorr a dit…

J'avais déjà lu ce top mais à chaque fois il me fait mourir de rire... quoi que pauvres gosses.

Dans les grandes tendances que tu sembles avoir oubliés d'indiqué, je citerais quand même la magnifique idée de la concaténation de nom :
Alexavier, Éléonard, Élyzabel ou encore Paulussie...

En encore celle de modifié l'orthographe pour qu'il se prenonce "à l'américaine" : Daïana ou Alekzander

Pour la ré-orthographisation, Sédrik peux relativiser face à son "homonyme phonétique" : C-Drik !!!

Le genre prenont un nom, modifions-en l'orhographe (en encore) et voilà : Alleluia, Yrhlande, Maydianne (risque d'en chier au cours de trigo) ou encore Sequoia (Peptito et Bambou peuvent aller se rhabiller).

Enfin y a 2 qui veulent rien dire mais que je trouve magnifique : Grabiel (pour dyslexique) et surtout Mrick (chez nous on aime pas les voyelles).

Sinon je ne peux me retenir de voler une catégorie complète du site des zimparfaites d'il y a 2 ans : Catégorie «Féminisation de prénoms non féminisables» ou «Merde, c'est une fille!»:

Loïca, Noée, Léapaule, Paulane, Zacharie, Marie-William, Marie-Félix, Marie-Gérarde (au secours),
Ludovie

Qu'ajouter après CA ?!?

Labo a dit…

Je pense qu'il y a autant de types de prénoms bizarres qu'il y a de genres de mégalomanies qui peuvent pousser les parents à estimer qu'un prénom courant ne suffit pas pour un enfant comme le leur... Je me demande s'ils se sentent toujours aussi futés lorsque leur môme rentre en larmes de l'école...