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12/08/2010

09/08/2010

Pour nos enfants

Ça, vous l’avez entendu des milliers de fois. L’argument absolu, la justification décisive qui met un terme au débat, la volonté affirmée d’offrir aux générations à venir un monde meilleur que le bourbier sinistre et violent dans lequel on patauge à grand bruit. C’est noble.

C’est aussi assez classique. Lorsqu’on veut quelque chose, on n’hésite pas à se cacher derrière un altruisme de bon aloi dès qu’on en a l’occasion : « moi je m’en fous que t’apportes pas à boire hein, mais c’est les autres qui vont tousser ». On admettra volontiers que c’est commode et qu’on y a tous recours une ou deux fois. Et bien les mômes, c’est pareil. Certaines fois c’est de bonne guerre, comme par exemple chez tante Claude (« on va rentrer, il est fatigué. »). D’autres fois, c’est un peu plus lâche. Par exemple lorsque l’on évoque les problèmes de société.

Les problèmes de société, c’est, par exemple, lorsqu’un adolescent débarque à l’école avec un Spas12 et deux boites de munitions dans son sac en lieu et place du Grand Meaulnes et commence à faire feu de ci de là en envoyant indifféremment élèves et enseignants au tapis ; c’est aussi lorsque un mari rentre bourré et passe sa frustration et ses déboires sur sa femme à coup de ceinture. C’est encore, dans un autre registre, lorsqu’un père de famille, quelque peu lassé par des mois d’insultes et de turbulence d’un gamin indiscipliné, finit par ponctuer un énième argument par une bonne claque qui sonne haut et clair, tel le cor de chasse au petit matin résonnant joyeusement dans la vallée.

Bref, un problème de société, c’est un effet dont on cherche à supprimer la cause. C’est aussi complexe que difficile à cerner et pour ce faire, le moyen le plus généralement répandu consiste à trouver un bouc émissaire et à le pointer du doigt en citant un argument choc dans lequel doit obligatoirement figurer l’expression « pour nos enfants ».

Exemple : il y a quelques années à Lausanne, un débat faisait rage au sujet de l’ouverture d’un local d’injection, à savoir un lieu où nos toxicomanes pourraient se réunir pour se piquer en paix et se réclamer deux balles parmi. Les partisans au projet clamaient qu’il était dans l’intérêt de nos enfants d’éloigner les toxons des lieux publics où ils se shootent forcément sous leurs yeux, tandis que les opposants avançaient qu’avec un local d’injection, nos enfants vivraient dans une ville où les toxicomanes afflueraient par tonnes (et c’est pas épais, un toxico).

En clair, un enfant, c’est une sorte de bannière que l’on brandit à chaque occasion pour défendre des idées qui ne les concernent finalement pas tant que ça. C’est l’image que l’on donne à l’avenir, une image mutine et attendrissante avec des grands yeux de Bambi devant laquelle il est bon ton de se pâmer en s’écriant « c’est-mi-gnon ! »

Aussi, pour assurer que sa croissance se déroule dans les meilleures conditions, on est prêt à monter au créneau pour tout ce qui nous dérange, pas le moutard donc, mais bien nous. Dans le faux but de favoriser sa vie future, on veille sur lui comme une poule sur ses œufs, avec comme défense principale face au reste du monde la sacro sainte interdiction.

Interdiction de cloper dans les lieux publics, au boulot, bientôt au volant et finalement partout ailleurs. Interdiction des jeux vidéos violents, peu importe qui y joue et à quel âge, c’est forcément la cause de leur future agressivité d’ados. Interdiction de construire des minarets ou de porter un voile, parce que ça choque l’enfant. Interdiction de promener son chien, si petit soit-il, s’il n’est tenu par une laisse, dès fois qu’il irait bouffer une classe. Interdiction d’organiser des apéros géants, parce que ça ne donne pas le bon exemple. Interdiction de fesser l’enfant, parce que ça laisse de terribles séquelles. Etc. Par contre, rien n’a carrer des émissions stupides, des pubs débiles et des films bourrins qui en feront un crétin s’il ne s’ouvre pas à autre chose. Aucun accent mis sur un semblant d’éducation ou de culture. Qu’il regarde TF1 et MTV, comme tout le monde.

Pourtant, curieusement, on oublie toujours d’envisager que l’enfant, fatalement, va un jour grandir. Parce qu’après avoir passé une enfance utopique calfeutrée dans une parodie de monde tout rose, lorsque le petiot, surprotégé jusqu’à la fin de sa scolarité, pénétrera dans le monde du travail, le voile se lèvera d’un coup sec et on ne lui fera plus de cadeaux. Fini l’enfance, maintenant c’est un adolescent, par définition rebelle, clopeur, buveur, provocateur, violent, agressif, ignorant et paresseux.

En fin de compte, on devrait peut-être leur interdire de grandir.

03/08/2010

Un peu de fiction

Si la grande famille de Georges est bien évidemment constituée de membres éminemment cultivés et philosophes, cela ne l’empêche en rien d’apprécier les plaisirs simples mais indispensables de l’humour, de l’imaginaire et du divertissement. C’est pourquoi certains d’entre nous ne rechignent pas, lorsque l’occasion se présente entre une conférence et une séance diapo, de s’adonner aux joies simples mais ô combien saines du jeu. Et bien entendu, lorsque l’on évoque le jeu, c’est avec un regard d’ensemble sur le grand éventail du divertissement ludique, du subtil jeu d’échecs à la délassante belotte en passant par l’édifiant jeu vidéo violent. Mais c’est sur le jeu de rôles que nous nous étendrons aujourd’hui. Je sais, vous vous en foutez, si ça se trouve vous savez même pas ce que c’est ; peu importe, un peu d’ouverture que diable, quand on évoque la confection artisanale de sabots en basse Normandie vous êtes tout ouïe, il me semble que la moindre des choses est de vous montrer à l’écoute même pour les sujets qui vous intéressent moins. Le jeu de rôles, pour ceux qui ne connaissent pas, consiste à interpréter un personnage dont les pensées et les actions évolueront en fonction de la trame scénaristique d’une aventure conséquemment vécue dans le fond par les joueurs, lesquels, formant la moelle même du déroulement du scénario, décideront, en partenariat avec le maître de jeu dont l’improvisation définira l’évolution du script, de l’orientation à donner aux actes des personnages principaux officiant en tant que héros de ladite histoire et dont les influences mutuelles amèneront le jeu à acquérir une substance dont l’ambiance, l’interprétation et la vie même seront décidée par les agissements donnés dans leur ensemble à l’architecture de la trame apposée par les différents intervenants. Comme ça vous savez. Or, il est courant, dans le monde du jeu, de désigner le Seigneur des Anneaux comme source des tout premiers jeux de rôles. Cela paraît complètement ridicule, puisque, comme on le sait grâce aux évangélistes, le Seigneur des Anneaux, longtemps décrié comme le Tome Sombre de Belzébuth (parce qu’il y a de la magie et des méchants dedans), est en réalité une fraîche allégorie de la Bible (parce que les méchants perdent à la fin). Et, toujours selon les évangélistes, le jeu de rôle, et cette fois c’est pas des conneries, est hautement satanique. Pourtant, lorsque l’on y réfléchit un peu, on trouve nombre de raisons d’admettre qu’en effet, le Seigneur des Anneaux a tout de la partie de jeu de rôles entre potes. Penchons-nous en peu sur les divers points qui font pencher la balance : · Neuf personnages principaux, c’est beaucoup trop. Les premières parties devaient être un beau bordel ; on constate du coup qu’après la grosse baston contre les Huruk-Hai qui devaient capturer Frodo, le maître de jeu, dégoûté de voir ses beaux orques se faire mettre minables par une poignée de joueurs, a séparé la compagnie pour plus de clarté. Les gros-bills ensemble aux batailles, les finauds en mission d’infiltration etc. · Parmi les personnages principaux, on croule sous les stéréotypes : on a le joueur qui connaît le monde et les règles mieux que le maître de jeu et qui ramène toujours sa science (Gandalf), ceux qui en ont rien à foutre et qui sortent le gag lourd et désormais récurent du « nous on s’intéresse qu’à bonne bouffe, la bière et l’herbe à fumer » (les hobbits), les bourrins qui y croient à fond (l’elfe et le nain, d’abord rivaux, puis alliés en voyant que de toutes façons, c’est Aragorn le plus balèze), le petit malin qui a su s’arranger un background qui en fera un roi à la fin (Aragorn, donc), et enfin le grosbill frustré qui veut des objets magiques à la tractopelle (Boromir) et qui devient intenable lorsque c’est rien-à-foutre no1 qui hérite de tous les artefacts, et qu’en plus il n’en fait presque rien. · À l’épisode de la Moria, Gandalf, qui connaît tout le bestiaire par cœur, sait en voyant le Balrog que la bête à des caractéristiques de fou et pousse l’équipe à fuir le seul combat intéressant pour le MJ. Ce dernier se venge en faisant chuter Gandalf, tout fier de son emploi à point nommé de son sort « Casse-Caillasse », en même temps que son gros monstre chéri. On pourrait croire que c’est la fin, mais le joueur, à force de chier une pendule à son MJ, reviendra plus tard avec le même personnage, caractéristique définissant à coup sûr un joueur vraiment lourd qui n’arrête jamais d’insister. · Boromir, à force d’agacer le MJ (« tout ce que tu t’efforces de me mettre sur la gueule, j’y coupe la tête ! ») s’est pris une bonne volée de flèches qui fleure un peu la revanche vicelarde. On notera qu’il n’a pas négocié son retour aussi bien que Gandalf (« toutes façons j’m’en fous, j’me casse ! »). · Les joueurs, désireux d’éviter de passer par la Moria – parce que le coup de la mine abandonnée, ça sent le piège pas subtil jusqu’à Cul-de-Sac – tentent de franchir le Mont Caradras. Nenni. Des tonnes de neige, des avalanches et une hostilité que l’histoire veut mettre sur le dos de la montagne elle-même (et le film sur Saroumane), indiquent sans équivoques une trame de fond totalement dirigiste et un maître de jeu pas franchement ouvert. · Comme par hasard, Shelob – l’énorme araignée – prend d’assaut les seuls joueurs dont les personnages ne savent pas se battre. Fut-elle tombée sur n’importe lequel des bourrins, elle eût été éclaffée d’un coup de talon viril comme le dernier gob venu et adieu l’effet dramatique. N’empêche qu’on peut critiquer, mais des parties comme ça, on n’en fait plus. Essayez de tirer un scénario d’Avatar ou du Choc des Titans pour voir, ça sera aussi ennuyeux que les films en question, et probablement encore plus long. Et totalement dénué de surprises.

02/08/2010

How To Make A Fanzine (2/?)

Le début ici, la suite bientôt...