10/11/2011

Choisis ton camp, camarade !

Entre les mesures actuelles (suppressions d’emplois à la tonne) et les mesures futures (augmentation du temps de travail à salaire égal pour ceux qui n’ont pas été virés), ce ne sont pas les propositions du patronat qui manquent pour fermer sa gueule au franc fort. Et dire que certains pètent l’ambiance en disant qu’on galère !
Parce que la Suisse, dedieu, elle a plus d’un tour dans son sac ! Et ce n’est pas parce que les dictateurs commencent à placer leur fric ailleurs, que les millionnaires et milliardaires paient pratiquement que dalle et qu’on n’a probablement plus tellement d’or Juif dans les caisses qu’on arrive au bout du rouleau. Il reste six millions de connards qui ont encore de quoi bouffer, n’allons pas dire qu’il n’y a pas un potentiel là-dedans.
Les solutions, elles existent ; ne soyons pas défaitiste. Par exemple, depuis le temps qu’on n’a plus de blé pour les besoins vitaux de la plèbe, on a quand même réussi à sortir soixante milliards lorsque que des bonus de fin d’année en dépendaient, c’est dire si on a su garder, malgré les couacs, une poire pour la soif.
Et la poire, en l’occurrence, c’est bien sûr une poire à lavement, vu où ils nous la mettent. Bossez plus ou ne bossez plus du tout, ça sera bientôt notre seul choix.
Alors, qu’allez-vous choisir (mais si, puisqu’on vous dit que c’est vous qui choisissez) ? Avouez que les deux sont tentants, sinon ça ne serait pas une vraie liberté démocratique !
Allez-vous opter pour la routine rassurante d’un job édifiant, la fierté d’appartenir à l’élite laborieuse à laquelle on veut bien donner encore un peu de travail ? Ferez-vous partie des survivants, de ceux qui verront partir leurs collègues et leurs amis et qui se retrousseront les manches pour faire aussi leur boulot, pendant qu’à la direction on dépensera des fortunes en colloques interactifs vous expliquant pourquoi vous aimez votre travail ?
Ou tournerez-vous au contraire le dos à ce monde ingrat et décadent, affirmant votre mépris de la société en acceptant bon gré mal gré le chômage ? Survivre à l’échec, affronter la honte et le doute n’est pas moins valorisant que le succès. Mais pas aux yeux des autres, bien sûr. Les autres sont ton tribunal, peut-on lire dans Train de Nuit pour Lisbonne, et en plus, les autres sont bien souvent cons ; ne pas avoir de job, aujourd’hui, peut arriver à n’importe-qui, mais pour une raison mystère cela reste mal vu. On continuera à vous voir comme un glandeur qui n’a pas envie de bosser. Vous voulez leur donner tort ? Une seule solution : la dépression et son cortège de contraintes et de médicaments. On vous accordera le bénéfice du doute, mais vous serez définitivement catalogué comme faible.
Alors, par quoi souhaitez-vous être méprisé ? Par vos patrons et vos managers, dont les gratifications dépendent de ces heures sup qu’on vous imposera la faute au franc fort, qui a décidemment bon dos ? Ou préférez-vous lire ce dédain dans les yeux de votre conseiller ORP lorsqu’il vous inscrira à un cours « valorisant le sourire et la communication » ? Choisirez-vous de baisser votre froc devant votre chef pour conserver un semblant de dignité sociale, ou devant M. chômage pour garder un soupçon de dignité morale ?
N’existerez-vous plus pour les vôtres, ou pour la société ?
Peste ou choléra ?

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