12/10/2010

Une page qui se tourne

Un immense pas en avant, un signal fort envoyé au monde, la preuve que la Suisse est ouverte, tournée vers l’avenir, novatrice, porteuse d’idées fortes, un pays merveilleux où la compétence prime sur les idées reçues – ne pas rire –… Eh ouais, pas moins ! C’est ça d’élire des femmes au Conseil Fédéral !
« Une majorité de femmes au gouvernement Suisse, on s’en fout un peu non ? Pourvu que le Conseil Fédéral soit efficace, à la hauteur des tâches qui l’attendent et… »
Tututu, silence dans le fond ! Une majorité de femmes au CF, on se tue à vous le dire, c’est HIS-TO-RI-QUEU ! C’est une « page qui se tourne », « du jamais vu en Suisse », « un nouveau chapitre qui démarre » etc. C’est… D’ailleurs… Je… * sob *… Excusez-moi… L’émotion… Snif.
« Pourvu que ça dure », claironne d’ailleurs joyeusement le Matin. Parce que si, sous la coupole, l’une de ces charmantes damoiselles se mettait à pédaler dans la choucroute à tel point qu’elle finisse virée séance tenante, ce serait forcément un retour immédiat vers l’oligocène que de la remplacer par un homme (en revanche, le contraire, pas de problèmes), on vous l’a dit, la compétence prime ! C’est magique : la Suisse élit une majorité de femmes au CF, et ça devient de la compétence. Une cinquième, on sortira de la crise économique ; à six, on devient une nation majeure. Sept, première puissance mondiale. Si en plus l’une d’elles était noire ou de provenance étrangère, on avait Gandhi en prime (mais attention : une Gandhi femme !) (Ça donnerait « Candhi »)
Personnellement, je suis de ceux qui pensent que si le fait d’élire une majorité de madames au CF nous fait pousser des hurlées hystériques (à tel point que ces votations n'ont soulevé aucun autre commentaire dans la presse), c’est que nous ne sommes peut-être pas si ouverts que ça. Parce que n’en déplaise à notre majorité de coincés, le contraire de la misogynie, ce n’est pas l’ouverture, la tolérance, l’amour, le progrès social ou les petits oiseaux, c’est l’indifférence. Bam. C’est comme le racisme : si pour quelqu’un, les noirs sont des « en***és de nè**es », c’est qu’il est raciste. Mais si cette même personne ne voit en eux que des malheureux descendants des victimes des champs de coton, c’est aussi une sorte de racisme. Un genre totalement différent, certes, moins malsain, moins stupide, mais malsain et stupide quand même.
Seul celui qui s’affranchit des barrières morales lui édictant sa conduite peut s’élever au dessus de bassesses comme le racisme ou la misogynie (oulala, c’est profond ça, ne vous endormez pas hein !) et ça va dans les deux sens. Le vrai non-raciste dit « noir ? Ton quart ne sera ni plus long ni plus court d’une minute, moussaillon », surtout en mer.
Tout ça pour dire que, même si c’est bon de savoir qu’on n’est pas ouvertement misogyne (seulement effrayé par l’immigration et l’Islam), je me contrefous des dernières élections dans la mesure où l’on n’a pas donné un siège à un Blocher, ce qui, en Suisse, est un vrai pas en avant. Une page qui se tourne. Un chapitre qui s’écrit. Tout ça.

2 commentaires:

Loggy a dit…

On attend avec impatience les vacances du Conseil en 2011... Du string sur papier glacé, ça reste plus glamour qu'un torse velu.
Belle victoire du féminisme au masculin, oui.

Labo a dit…

Pour ajouter de l'intérêt à la chose, on pourrait les faire passer dans une émission, du genre on les filme et ils ont tous un secret ("j'ai eu des tendances communistes", ou "UDC c'est pas si au centre que ça")... ça permettrait d'initier les jeunes à la politique en douceur !